Tag Archives: Rédactrice en Chef

ELLE Belgique: Rencontre avec Béa Ercolini

Bruxelles, Tour et Taxis, le défile des Petits Riens (l’équivalent d’Emmaüs en Belgique) s’achève : silhouette élégante, un rien rétro, Béa Ercolini, rédactrice en chef et directrice des rédactions ELLE Belgique / ELLE België, allume un cigarillo. Cliché flouté dans un esprit vintage 40, courtes présentations : on s’organise un vague coin “salon” dans le va et vient du backstage.

– C’est la huitième édition du défilé des Petits Riens et la première fois que je viens. La décoration est magnifique, il y a un très beau casting et des créations superbes, mais on ne voit pas assez les vêtements. C’est vachement bien foutu, j’ai beaucoup aimé les vêtements en tissus africains avec les leggings imprimés. Je connais 40% des créateurs  qui participent à l’événement : j’adore Conni Kaminski, Cathy Pill, Véronique Branquinho… Le seul problème, la salle est immense.

– Justement les shows Printemps-Eté 2011 viennent de terminer: qu’en pensez-vous?

On dirait que la crise est finie: beaucoup de fêtes, de champagne et couleurs. Et le mamie boom, le retour d’Inès de la Fressange, Marie-Sophie, Stella Tennant. La femme de 50 ans.  L’acheteuse moyenne d’un tailleur Chanel n’a pas 15 ans. Merci mon siècle! 

Béa Ercolini tire sur son cigarillo et sourit. Et les créateurs belges?

– J’ai constaté durant les shows à Paris que le deuxième groupe “éthnique” était les belges, tant parmi les créateurs que dans l’organisation des défilés, comme Etienne Russo qui s’est occupé de Chanel, Hermès, Margiela… J’adore Véronique Leroy, elle est respectueuse et humble. Jean-Paul Lespagnard. Il y a un truc pas normal: beaucoup trop de belges travaillent dans la mode.

– Vous l’expliquez comment?

– Moins de budget, donc plus débrouillards et par des écoles publiques presques gratuites d’un niveau excellent, comme la Cambre à Bruxelles. 

  

– Existe-t-il une spécificité bruxelloise?

– Bruxelles est un peu le New York de l’Europe. Bruxelles a développé une culture de la tolérance, c’est une ville plus propice à la création. Bruxelles est aussi une ville riche, où il y a beaucoup de garage sales, avec des choses de seconde main de qualité et pas chères, comme les Petits Riens. A l’inverse de Paris, où le vintage de marque est hors de prix.  

– Que pensez-vous de l’amalgame Mode-Design-Art contemporain?

– Une question de marketing. D’après une enquête de mes collègues du ELLE anglais, 68% des lectrices du ELLE lookées, fréquentent des foires d’Art Contemporain, la FIAC etc… En Belgique, on forme les étudiants en design, mode et art dans les mêmes écoles. 

– ELLE Belgique: un magazine de mode?

– Non, pas un magazine de mode, un magazine féminin!

– Je reprends: que pensez-vous des blogs?

J’ai initié le blog du ELLE Belgique il y a 4 ans. A partir du 2 janvier 2011, je serai en charge du contenu du site et du blog du ELLE Belgique. Ce site doit devenir un vrai féminin quotidien, plus équilibré en terme de rubriques: toute l’actualité au féminin belge. Je suis ravie de passer au quotidien. Le magazine papier va devenir à la presse, ce que la haute couture est à la mode: une vitrine chère, mais essentielle, pour une image forte. Le magazine va rapporter de moins en moins. Aujourd’hui je me force à lire des magazines, alors que je peux passer des heures sur le net. Et je suis très étonnée du succès des magazines comme Envy, Grazzia… que ma fille de 14 ans lit. Je pensais que c’était mort. Mais pour sa génération, l’info dans un magazine est plus crédible que celle sur le net.

Merci à Béa Ercolini

Autres articles :

Rencontre avec Jean-Paul Knott, créateur globe-trotteur 

Kanye West: au show homme Eté 2009 Véronique Branquinho

Jean-Charles de Castelbajac: l’interview 

INTERVIEWS

 

Interview de Christiane Thiry, rédactrice en chef de La Libre Essentielle et de son équipe

– J’ai créé la Libre Essentielle de toute pièce. Du choix des sujets au choix des photos, je suis tout autant visuelle que littéraire. Le rapport texte image est fondamental, ça m’interpelle depuis que je suis née. Je suis très éclectique, très curieuse et je m’ennuie sinon. C’est mon côté verseau, j’adore fouiner, explorer.  La transversalité est quelque chose que j’adore.

Chritiane Thiry, dynamique rédactrice en chef de la Libre Essentielle, me reçoit dans un vaste open space clair, entourée de son équipe, Hélène Rivière et Isabelle Blandiaux. J’ai découvert ce féminin, en supplément week-end de La Libre Belgique, par un numéro spécial Jean-Paul Knott dans la boutique du créateur, aux Sablons. Depuis ce numéro est devenu un collector. Regard amusé, Christiane ajoute :

– On n’a pas de frontières, on va un peu dans tous les sens. J’ai envie de tirer vers le haut, par une variété de lectures. Nous on est un petit peu le petit extra terrestre, je pense qu’à la Libre, ils ne savaient pas qui j’étais (rires).

Elle aurait aimé être architecture. Projet contrarié par ses parents, elle suivra des études littéraires. Licenciée en philologie, en linguistique et en philosophie, elle se rattape aujourd’hui en faisant de la sculpture. 

– J’ai d’abords été rédactrice en chef de magazines pour enfants de 2 ans à 8 ans, pendant six ans. Ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup d’illustrateurs, j’ai adoré. On a vraiment des perles, comme Kikie Crêvecœur.

Le premier numéro est paru il y a onze ans. Christiane m’illustre son propos en m’indiquant divers numéros éparpillés sur la table. L’évolution du titre au fil des ans :

– La libre Essentielle s’adresse à un lectorat très exigeant, très cultivé. Nous avons une autre approche de la femme, plus complexe, plus décalée, très culturelle. Oui, parce que la féminité ne se limite pas à des catégories dites féminines. Féministe : je ne suis pas militante, j’ai le plus grand respect pour la femme. Je ne veux pas m’enfermer dans un magazine de mode. Etre femme aujourd’hui c’est avant tout être curieuse de tout. Je veille à la mixité dans mon équipe, je suis vigilante. La colonne vertébrale de chaque numéro est le dossier société qui traite de la femme dans son environnement. La vie est un mix. Le magazine doit être le miroir de ce qui se passe, avec un filtre intelligent et une mise en perspective. Des personnes qui font bouger les choses. Des personnes qui ont une vision. Difficile à valoriser en période de crise. Sans oublier une carte blanche à la jeune génération.

La Libre Essentielle est partenaire presse de La Cambre depuis dix ans :

– La mode belge est poly-tendance : ce sont des univers tout à fait différents qui doivent se construire. Une mode plus créative que commerciale. Des cambriens, il y en a partout : Arnaud Michaux chez Lanvin, Anthony Vaccarello ex Fendi, Mansour, Laurent Edmond chez Margiela, Caroline Herniaux, une des grosses pointures.

Cinq belges qui vous viennent à l’esprit là tout de suite :

– On a un terroir absolument fabuleux, je n’aime pas choisir.  (J’insiste) Michèle Noiret, chorégraphe belge qui travaille la notation gestuelle de la musique. Une femme qui est belle. J’adore Jean-Paul Knott et Margiela aussi. Caroline Herniaux, dans la veine de l’école Margiela. L’Atelier A1, parmi dix mille autres. Alain Hubert et sa fondation polaire.

Bruxelles ? Une adresse ?

– C’est une ville que j’adore, très cahotique, tout est possible. Avec ce côté curieux, mobile et dérisoire. C’est difficile de s’installer à Bruxelles, ces problèmes communautaires m’irritent. Petite ville intimiste aux 20, 30, 50 petits mondes accessibles. Un lieu : le Grand Hornu, c’est très beau.

Ces mains (photo ci-dessus) sont celles d’Hélène Rivière, secrétaire de rédaction et céramiste de talent. Arrivée à Libre Essentielle deux mois après Christiane, elles forment un tandem inséparable :

– C’est un magazine à l’image de la femme belge telle qu’elle est vraiment. Ouvrir des portes, faire découvrir des personnes dans notre pays, au travers d’un regard féminin, plus ouvert. On joue avec l’émotion de la rencontre, nous sommes très concernées par les sujets de société. La femme peut faire plein de choses en même temps contrairement à l’homme. Elle a plein de centres d’intérêt très larges.

Depuis neuf ans, Hélène prend “plaisir à toucher la terre“, décrivant sa prochaine expo à Brugghe fin Avril :

– Ce n’est pas de l’utilitaire. Mais des objets à forte référence organique. Pour le moment je suis dans l’obsession de la spirale. La céramique contemporaine sort des arts appliqués et commence à être de l’art.

Hélène voit en ses deux métiers :

– Deux univers comptatibles cohérents qui se renforcent l’un l’autre. Une approche de la beauté. 

Un des lieux bruxellois de  cette “citadine pure et dure” :

La Monnaie qui a une aura internationale. Son côté cosmopolite, on y entend parler toutes les langues. De là est née l’indépendance de la Belgique.

Isabelle Blondiaux est journaliste mode, beauté, lifestyle et culture,  à la Libre Essentielle depuis cinq ans. Elle aime  “tenter des portraits plus intimistes de personnalités que l’on connaît déjà”, parler de la vie des femmes, de création et :

– La mode surtout, parce qu’on l’aborde d’un point de vue de la création. Cathy Pill, dont les imprimés partent de photocopies qui peuvent paraîtrent insignifintes. C’est faire avec rien, c’est une forme de liberté. Jean-Paul Knott : une espèce de simplicité au final, alors que c’est très compliqué. Isabelle Lenfant, des bijoux comme une prolongation du corps (sa bague pansement), un travail sur la protection, avec un aspect poétique. Pour dire aussi qui l’on est. Natalia Brilli, vendue chez Maria Luisa (Paris), recouvre tout de cuir, une technique qu’elle a mis du temps à mettre au point. Je trouve fantastiques ses vanités. Anthony Vaccarello : des robes avec un jeu de transparence, d’opacité et métal, un fantastique travail sur le cuir et un côté scuptural. C’est important de soutenir les talents émergeants, ils risquent de se décourager. Pour grandir, il faut s’exporter : la notoriété renvoyée par un jeu de ping-pong avec la France. 

Bruxelles ?

– Ce n’est pas une ville qui se découvre facilement. De taille plus humaine que Paris, on part du centre, on fait 15 kilomètres et on est dans la forêt. Ce qui est chouette c’est qu’il y a plein de quartiers… mal desservis. 

Un lieu : Le Fin de siècle, un chouette restaurant dans le centre.

Un grand merci à Christiane Thiry, Hélène Rivière et Isabelle Blandiaux.

Autres articles : 

Jean-Paul Knott à Bruxelles: La soirée des 10 ans, l’expo

Bruxelles, Belgique: Les Sablons 

INTERVIEWS

 

Rencontre avec Mireille Martens, rédactrice en chef de GAEL

Mireille Martens m’avait prévenue, « des champs sur la droite en sortant du train », avant d’ajouter amusée : « une parisienne dans la campagne belge ». Bingo, me suis perdue. Enfin j’arrive, en avance. Troque mes Converse pour de fétiches sandales cloutées. J’ai rendez-vous avec Mireille Martens, la rédactrice en chef de GAEL, la référence des féminins belges francophones :

– Ce que je déteste dans les magazines de mode, c’est un certain ton à la fois neuneu et comminatoire. Je suis très rebelle par rapport à ça. Amusez-vous, n’ayez pas peur d’oser ! GAEL s’adresse à des femmes relativement adultes dans leur tête. On présente des propositions, on sélectionne. La femme GAEL est déjà experte et a déjà réalisé certaines choses dans sa vie. Il y a beaucoup d’articles psycho et bien vivre

Mireille s’interrompt pour me présenter « la meilleure styliste de Bruxelles et de Belgique » : Martine Olivier. Martine qui vient de récupérer un shopping Zara, ajoute :

– Vous pouvez écrire combien c’est difficile d’avoir un shopping chez Zara.

Rapides snapshots, la lumière s’y prête. Mireille reprend :

– La mode et les magazines féminins, c’est intéressant quand on fait de la psychologie. Quand cette partie frivole peut être reliée à quelque chose de plus profond. C’est aussi le droit de voir les côtés légers de la vie et le plaisir de s’embellir la vie. Ca n’a rien avoir avec la frénésie consommatoire.

Diplômée d’une licence de journalisme, Mireille débute comme relations publiques chez Solvay, puis enchaîne comme secrétaire de rédaction chez Media Marketing. Dès 1983, elle est rédactrice en chef  de la version francophone de l’hebdomadaire Flair jusqu’à 1993, où elle passe à la rédaction de GAEL:

– Sans aucune idée préconçue, ça m’a beaucoup amusé. J’ai tout de suite eu un grand plaisir à travailler dans un magazine féminin. Ca parle de sujets quotidiens. Quand j’ai commencé à travailler chez GAEL, personne ne voulait s’occuper de la mode, alors je m’en suis occupée. Les gens de la mode ne sont pas les plus faciles à guider et diriger.

Mireille sourit en replaçant son écharpe :

– Depuis je me suis un peu prise au jeu : mon meilleur moment, c’est quand les photos arrivent. Repérer une couverture, c’est un grand plaisir.

Peut-on parler d’un style belge ?

– Il y a un style belge. GAEL est spécifiquement belge : on est un peu généraliste, on est dans le partage. On est content d’offrir à nos lectrices, une bulle de plaisir et de repos avec des infos utiles. Je fais le plus chouette boulot du monde, parce que c’est un travail d’équipe qui incarne des valeurs de convivialité, de partage, de plaisir. C’est un privilège énorme, quelle chance ! 

Une adresse de Mireille :

– Je suis très heureuse d’habiter Bruxelles, je trouve que c’est un privilège. On s’amuse.

La boutique de Bozar, c’est un lieu inspirant. rue Ravensteinstraat 15, 1000 Bruxelles, www.bozarshop.com 

Merci Mireille !

 

Autres articles : 

Alexander McQueen: ON VOUS AIME  

Jean-Paul Knott à Bruxelles: La soirée des 10 ans, le show

Paris: Exposition « Alice au Pays des Merveilles » au Printemps Haussmann

INTERVIEWS