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Interview de Jean Touitou, créateur d’A.P.C. dans sa boutique bruxelloise

Une photo du mythique jeans brut A.P.C. en guise de portrait de Jean Touitou, le créateur qui ne souhaitait pas être photographié, je respecte. Et comme je n’aime pas utiliser des portraits de presse dans mes interviews : donc pas de portrait. Rewind, nous sommes dans la boutique A.P.C. rue Darwin; va et viens des préparatifs pour la fête qui aura lieu dans quelques heures. Assis près d’une cabine d’essayage, l’interview commence. Pourquoi la mode? – Ca aurait pu être autre chose. J’ai toujours été sensible à ne pas mettre n’importe quoi sur moi. La création d’A.P.C.? – En 1987. J’étais ghost designer pour d’autres marques (comme Joseph). Je ne voulais pas commencer dans la misère. C’est important quand on est un artiste de conquérir son indépendance financière. C’était assez drôle comme période : j’étais Docteur Jeckyll and Mr Hyde.

 

La première collection? – J’ai commencé par l’homme, mais une bonne moitié des clients étaient des femmes. J’ai le sens de la coupe. Les vêtements pour homme sont très exigeants, c’est beaucoup plus difficiles. Faire une jolie veste pour homme qui doit être vendue à prix raisonnable, ça demande dix ans. Le prix est une préoccupation permanente? – Absolumlent. La mode, c’est le croisement du monde de l’art et de l’industrie. La mode femme A.P.C.? – J’essaye de me tenir le plus loin possible de la vulgarité. Une esthétique limite frigide, c’est ma manière à moi de magnifier la femme. J’espère faire des choses attirantes. J’ai jamais joué l’héritage de la parisienne. Même si l’on ne peut pas nier que la parisienne a un certain chic naturel.

La collaboration avec Vanessa Seward, ancienne directrice artistique d’Azzaro (photo ci-dessus)? – Une collection pour l’automne-hiver prochain,  plus Rive Gauche, très jolie, extrêmement sexy. Chaque collection a un thème? – On écrit la même chanson, ou le même roman toute sa vie. Le thème c’est l’existence. J’ai pas de thème. Je fonctionne par cycle. Un cycle va tourner autour de vestes de femmes. C’est une envie avec zéro concept derrière. Actuellement j’ai très envie de faire un jeans taille très haute. Je sais que ça va habiller une fille sur 20. La silouhette parfaite, la femme A.P.C.? – Il n’y a pas d’égérie. J’habille ma fille de 7 ans, ma fille de 20, ma femme de 40 et sa mère. 

Les accessoires? – C’est compliqué. J’en ai toujours fait. Les chaussures : depuis 8 ans et ça commence à ressembler à quelque chose. Il faut absolument une part d’artisanat dans tout ce qui se fait en cuir.  Le jeans brut, votre pièce emblématique d’A.P.C. (photo 1)? – J’ai juste fait le travail que Levi’s a arrêté de faire. Des voyages comme inspiration? – Moi j’essaye de voyager le moins possible. C’est plutôt les aéroports qui sont inspirants que les endroits où l’on va. Le monde s’est uniformisé… Si! Il y a encore des spécificités, comme les anglais et leur façon d’encanailler les costumes. www.apc.fr 

Merci à Jean Touitou

Photo 2 : look book A.P.C Printemps-Eté 2012 – photo D.R. et photo 3 : look book A.P.C. Vanessa Seward Automne-Hiver 2012-2013 – photo D.R.

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INTERVIEWS

Zara MacFarlane: la belle découverte jazzy

A deux jours de Noël, un joli cadeau à offrir : l’album de Zara MacFarlane. Il est des chanteuses dont on tombe sous le charme! Il y a un mois, un ami m’invite à un concert plus-underground-tu-meurs, dans une ancienne école d’infirmières. Zara MacFarlane, jeune chanteuse jazzy londonienne et ses musiciens font la première partie du concert d’Owiny Sigoma Band (post à venir). Je découvre en live l’album “Until Tomorrow“, la voix de Zara, son aisance, sa présence (un de mes morceaux préférés, Captured). J’aime. Voici deux ou trois choses que je sais de Zara (livrées par l’intéressée). Zara écrit sa musique et ses textes : “sur ma propre expérience“. Zara écoute “beaucoup de jazz américain“, ses influences : “Billie Holiday, Sarah Vaughan, Michael Jackson“. Zara qualifie sa voix de “quite mellow” (d’assez douce) et sa musique de “laid  back, mystique et mystérieuse“. Et Zara s’esclaffe lorsque je lui demande si elle est fashion : “Oh je suis très mauvaise en mode“. Tant mieux, parce que les chanteuses trop lookées, souvent… vous me comprenez!  Merci Zara et Peter!

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INTERVIEWS & ACTUS

 

Eclectique: Rencontre avec Elisabeth Lefebvre

– Ce n’est pas possible qu’on ne propose aux femmes que des choses débiles dans la presse!

constate agacée Elisabeth Lefebvre, femme de tête et Directrice de la rédaction du nouveau féminin Eclectique, dont le numéro 3 sort en kiosque aujourd’hui même.

Je reçois des messages de lectrices qui me disent “enfin un magazine où il n’a pas de people!”. Eclectique s’adresse à toutes les femmes ayant un niveau culturel élevé qui ont l’habitude de lire la presse économique et féminine. A toutes les filles curieuses qui ont besoin d’esthétisme et de contenu intelligent. C’est un journal qui a le respect de ses lectrices, “près des tendances, loin des diktats”. Avec Anne Lefèvre, ma complice de toujours, nous nous sommes interrogées : qu’allons-nous apporter?

En trente ans, Elisabeth a créée une quinzaine de titres, certains devenus des classiques (Côté Sud, Côté Ouest, Côté Est), en ayant pour principe “de ne pas faire ce que faisaient les autres. Je suis un électron libre“. Jeune maman, elle lance “Enfants Magazine qui existe toujours“. En 1980, Elisabeth est une femme active qui ne se retrouve pas dans la presse. Elle conçoit : “Biba, le premier magazine des femmes qui travaillent et qui aiment ça!“. Lorsqu’elle fait construire sa maison dans le Sud en 90, elle sort Côté Sud : “J’ai beaucoup découvert le Sud que je ne connaissais pas, grâce à Côté Sud”. En 94, ce sera Côté Ouest et en 99, Côté Est. Puis Atmosphère, “le premier

féminin d’art de vivre“. Elle vend tous ces titres et crée en 2007, JV pour les français qui vivent en Belgique et les belges qui aiment la France. La liste est impressionnante!  

Avec beaucoup d’humilité, Elisabeth répond :

– Je me sens plus comme une lectrice potentielle que comme une journaliste. J’adore mon métier, un métier de curiosité qui me permet de défendre mes valeurs : les racines, l’authenticité, la curiosité et les voyages. Dans la vie, on est éclectique. Au niveau du voyage, c’est encore plus vrai. J’aime tout et je ne suis pas que “luxe” ou qu'”aventure”.

 

Elisabeth et Anne se sont interrogées sur l’évolution de  la société :

– Le gros changement, c’est la mondialisation. Les femmes d’aujourd’hui sont tournées vers l’étranger, moins franco-françaises et plus européennes. On constate un grand désir de quitter Paris, dû au coût de l’immobilier et à la qualité de vie qui a coïncidé avec un renouveau de la vie culturelle des villes de province. La crise a banalisé le phénomène Tanguy, la famille est un carrefour de générations qui s’entre-aident en réseau. Il y a aussi un total manque de représentation des femmes de 50 ans dans la presse.  

Eclectique est transgénérationnel. Dans chaque numéro, on découvre le portrait d’une femme qui est un “modèle d’intelligence et de sensibilité“. Dans le numéro qui sort aujourd’hui, c’est Patricia Tartour, pionnière des voyages en Chine et fondatrice de la Maison de la Chine.

 

– Nous cherchons à monter des sujets totalement exclusifs qui ne soient pas des sujets bateaux. Par exemple pour les sujets voyages, j’aime les relations entre les voyages et la littérature. J’ai aussi une recherche d’esthétisme par la photo. Eclectique est un petit canard assez pointu, un magazine de niche comme Côté Sud qui essaye de correspondre à son public. Un féminin de style de vie.

Un grand merci Elisabeth! Sortie du numéro 3 d’Eclectique en France, Belgique et Suisse.

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