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Rencontre avec Jean-Paul Knott, créateur globe-trotteur

Lorsque deux grands timides se rencontrent :

– Content de la soirée des 10 ans (extrait 1 et extrait 2)?

– C’est tellement de fatigue. Après réflexion, je me demande si ça n’était pas un peu vaniteux… De vouloir satisfaire tout le monde. (Sourire las).

Studio désert à l’exception d’un assistant, long week-end de mai. Jean-Paul et moi, sommes dans le showroom, pas un bruit :

– Et la musique?

– Je n’ai pas de lien avec la musique. J’aime la musique, c’est tout. Je n’aime pas le silence. La mode c’est un art appliqué au mieux. J’invite des artistes pour donner une âme à mes vêtements, toujours avec l’idée d’une rencontre et de partager quelque chose avec quelqu’un. Je n’aime pas l’idée de faire les choses seul. Ma prochaine collection : une collection qui ne veut pas être à la mode. J’aime l’idée de plein de choses, à plein de prix. J’essaye de travailler de plus en plus sur le vêtement. La perfection aujourd’hui, pour moi : la coupe, les finitions, le confort, la légèreté. Une espèce de réalité systématique différente.

– Créateur cérébral? 

– (Rires) J’ai l’impression d’être la personne la plus simple au monde. Ca fait 20 ans que je travaille dans la mode, je suis normale, humain et vrai.

– Depuis 10 ans, j’ai construit mon alphabet. Aujourd’hui la seule chose qui peut être moderne, c’est le confort. Le design pour moi, c’est un peu l’épitome de la mode. La vraie beauté est naturelle, elle ne peut pas être contraignante. Le discours sur la morphologie est dépassé.

– Vous pensez ne faire qu’une sorte de vêtements ?

– Oui, c’est une de mes grandes réflexions du moment. J’aime bien réfléchir sur le vêtement de manière mathématique : partir sur la base de la couture. Basics, les carrés, c’est une réflexion autour des tissus. Le Rond : ligne industrielle. Dans mes vêtements, il y a toujours un trou pour passer la tête. (Rires). Mes clients sont une source de réflexion. J’adore passer du temps dans les boutiques. Je regarde les gens dans les avions, les trains, les aéroports : ils sont actifs, ils réfléchissent…

– Globe-trotteur?

– J’ai grandi dans plein d’endroits différents. Je n’ai jamais fait parti d’un seul clan. Je n’aime pas les fascistes, les gens avec une ouverture restreinte sur le monde. Dans tous les domaines, c’est difficile l’indépendance.

 

– J’ai toujours bien aimé l’Asie. L’Europe représente le monde des Droits de l’Homme, du moi-je et je suis très respectueux de cette vision. L’Asie : j’existe parce que je fais partie d’un groupe.

Depuis 7 ans, Jean-Paul va en Chine deux-trois fois par an :

– Avec de vrais gens chouettes dans la vraie réalité de la Chine qui me font partager quelque chose de très particulier. Ils ont demandé du conseil, ils font les choses, ils réfléchissent, ils sont volontaires.

Star au Japon, où il se rend tous les 45 jours. Il décrit sa relation avec son distributeur japonais comme :

– Un groupe de gens ayant la même sensibilité dans un même lieu. Au Japon, Land of Tomorrow (du groupe Tomorrow Land qui distribue Jean-Paul Knott), avant les concept stores européens, avait développé le concept de choix régionaux. Le local est parfois à l’autre bout du monde. Une galerie de vie avec une collection de vêtements simples, pratiques et faciles, à prix raisonnables qui évolue chaque mois. Dans les tons de la vie qui sont des non-couleurs. Une silhouette plus androgyne que filiforme. J’ai toujours détesté l’idée de la mode, ou des défilés. Pour mon premier défilé, j’avais fait venir des amis. Nous avions fait des photos sur des gens toujours différents. C’est vrai, c’est beau une photo de mode. Je suis souvent plus flatté quand des copains et copines portent mes vêtements.

L’avenir ?

– Un esthétisme très pointu pour votre région dans le monde.

Depuis plusieurs années, Jean-Paul réalise des t-shirts pour les Nations Unies (Photo çi-dessus).

– Le mot de la fin?

– J’ai de la chance aujourd’hui : je peux manger. Mais je ne sais pas de quoi sera fait demain. Je pense qu’on peut faire un monde meilleur.

Mappemonde, les endroits préférés de de cet impénitent voyageur :

Capitales: – Bruxelles, qualité de vie, mais certainement pas pour le temps ! Bruxelles aujourd’hui, a la même effervescence qu’à Londres et New York. Il y a ce côté international, plus d’ouverture, une liberté. Avec ce côté petit bourgeois qui ressort. Tokyo, le Japon et l’Asie, pour la qualité de vie et le respect des gens, des choses, des humains, des animaux. Paris, pour la beauté. Rome, pour le côté impérial.    

Musées : PS1 à New York, j’aime son côté humain, pour l’école, la petite vidéo au sol d’Alice au Pays des Merveille qui tombe dans le vide. C’est un endroit que je trouve très poétique, très juste. J’aime beaucoup la photo (Cindy Sherman), la vidéo (Pipilo Terrys, Nan Jun Peng). Le Musée Magritte parce que je n’aime pas le travail de Magritte, j’ai été touché par l’accrochage et pour une anecdote sur les rapports conflictuels de Magritte avec les surréalistes. Grand Hornu, pour le design usuel contemporain : j’aime beaucoup.

Bruxelles : – Mon appartement minuscule. J’ai une très jolie terrasse avec des Rhododendrons. C’est un squatt un peu de luxe. (Rires)

www.jeanpaulknott.com

 Un grand merci à Jean-Paul et Sophie!


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INTERVIEWS

 

La mode selon Gaspard Yurkievich

Paris, dans les dix heures et quelques douces grisailles, j’aime pas tous les matins du monde. Le Marais semi désert s’éveille lentement, comme le rituel d’une vieille dame digne excentrique et rangée. L’on y fait des rencontres, besoin de me mettre en marche. L’Ipod guerrier, un vieux Blondie « Atomic » western, suis accro.

Impression de blancheur écaillée jusqu’au ciel blanc étouffé, le genre de luminosité vide, cour pavée ondulante, murs ni droits ni rectilignes, d’un décor expressionniste allemand où les perspectives se défilent dans tous les sens. Petite porte en bois brut, large escalier, le vernis noir et épais qui tranche avec de petites lettres blanches, j’y suis je sonne : Gaspard Yurkievich.

Show room blanc dépouillé un néon message devant un néon éclairage, ambiance studieuse dans la pièce voisine où s’affaire l’état major. Quelques snapshots, géométrie de couleurs sur chaussettes noires, des portants, la collection homme présentée la semaine précédente. De l’ensemble émane une idée de rigueur ponctuée d’une fantaisie maîtrisée. Gaspard, simple, arrive avec Virginie, son attachée de presse, on s’assoie. 

– Berçot, c’est un peu comme une psychothérapie, un peu comme l’Actor Studio. 

Des études au Studio Berçot, une expérience chez Colonna et avant le tremplin du festival de Hyères, l’« étape » d’assistant défilés au bureau de presse d’Isabelle Roch : 

– J’avais besoin de me désinhiber. 

Sourire et d’ajouter l’œil espiègle:

– Enfant, j’avais un monde intérieur très développé, je ne m’ennuyais jamais, je dessinais. J’adorai chanter et danser, la musique. Flash total sur Diana Ross, il y a deux ans. On adore la danse, le corps. Une idée unique du corps, ça c’est flippant. J’habille mes amis qui pratiquent nos vêtements. On est hyper critique vis-à-vis de nous-même. 

Pas pu m’empêcher de lui dire combien j’aimais depuis les débuts ses chaussures : 

– Merci. La chaussure pour moi, c’est hyper facile.  

Tandis que ses mains pianotent parmi les quelques paires de la prochaine collection Femme (une exclu spéciale pour vous!), Gaspard décrit son approche de la mode « à la fois super parisienne et assez contemporaine »  : 

– On y est allé naïf et complètement libre. Imposer un langage, une identité. Créer un sens entre l’esprit et le corps : redéfinir le cliché de la mode, un lien entre l’establishment et le traditionnel. Notre marque tient sur une philosophie : le vêtement est le compagnon du jour. L’approche est de plus en plus élaborée. C’est sexy mais c’est un vrai vêtement. La première collection Homme est née des fondations de la collection Femme. Mais toutes les collections existent par elles-mêmes.

De façon naturelle, depuis l’enfance, Gaspard conjugue l’Art Contemporain avec plaisir, d’où ses collaborations avec différents artistes, dont Edouard Levé et l’architecte Didier Faustino pour certains de ses shows : 

– C’est un peu la récrée, je suis comme un directeur artistique sur un défilé : un casting de visions, comme des clés données aux gens. On vit un moment très très fort. Je fonctionne complètement à l’affect. 

Je pense à ce fameux dessert pour le « mythique » Café de La Paix : 

– On adore la nourriture, l’idée de générosité. On voulait que ce soit sexy et gourmand : avec une fève dans un écrin. Au début, j’avais imaginé un gâteau forêt noir puissant, écrasé par une chaussure pour une expo organisée par un magazine japonais. C’est drôle! 

Ai changé de place, besoin d’angles différents, du fameux « mécanisme créatif » dont me parle Gaspard de plus en plus prolixe. Pour la prochaine collection Femme, il s’est inspiré d’un livre introuvable en France, Pierre Berger et Karl Lagerfeld s’opposeraient à sa sortie : « Beautiful Fall » d’Alicia Drake. J’aime le principe de l’interdit !

– L’histoire d’Yves Saint Laurent, Lagerfeld, Antonio Lopez. Les années 70 : comment les gens s’habillaient, c’est pas du tout intéressant. C’est plus l’esprit couture, les égéries, Loulou de La Falaise : prendre leur énergie, le phantasme de cette époque. La transmission entre la couture et le prêt-à-porter.

De ses nombreux voyages pour le travail, Gaspard retient « l’influence d’énergie, pas le folklorique » :

– Il y a un dialogue. J’aime beaucoup la culture américaine. Les Etats-Unis recyclent beaucoup, le vintage. En rejoignant le Crazy Horse à Las Vegas, on a dû passer une journée à Detroit, où on a trouvé une excellente boutique vintage et découvert l’expo d’Anthony McCall. 

Et lorsque Gaspard, l’ultra parisien est à Paris : 

– Je vis Rive Gauche et je travaille Rive Droite.

Je quitte le show room, avec cette phrase de Gaspard en tête: 

– J’adore la mode, ce sont des propositions, c’est comme un dialogue. 

Alors Gaspard merci pour ce joli dialogue! 

Ses adresses :

– Une suite dans un hôtel particulier : aux interrupteurs designés par Gaspard himself, avec les silhouhettes de danseuses du Crazy Horse… so chic ! L’Hotel Particulier de Montmartre : www.hotel-particulier-montmartre.com/wordpress/ 

– Un restaurant fusion frenchy nihon : « le chef japonais cuisine de la gastronomie française » Les Cartes Postales : 7 rue Gomboust, 75001 Paris – Tel : + 33 (0) 1 42 61 02 93 – Une curiosité « Artscience » : « centre d’Art Contemporain » Le Laboratoire :  www.lelaboratoire.org 

– Une architecture : Beaubourg « bien sûr »   www.centrepompidou.fr/   

« Paris nostalgique » : Le Crazy Horse   www.lecrazyhorseparis.com 

www.gaspardyurkievich.com

 

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Gaspard Yurkievich: Défilé Homme Eté 2009, Backstage

Paris Collections Femme Automne-Hiver 2008: Gaspard Yurkievich

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