– Du sur mesure fabriqué au Japon, avec mon nom gravé dessus : ces ciseaux coûtent dix mille dollars de Hong Kong (plus ou moins mille euros). Ils sont superbes, non ! Je suis gaucher, ma main libre pour couper.
Explique Georges avec l’enthousiasme d’un enfant pour ses magnifiques ciseaux, comme un photographe avec son appareil fétiche. Je décide de le surnommer George aux mains d’argent !
Midtown, le grouillant quartier des affaires : rendez-vous devant Mark and Spencer, avec George aux mains d’argent, alias George Wong Peng Loy, célèbre coiffeur et propriétaire associés de Headquaters, salon select de coiffure. Il travaille dans la mode et pour le cinéma, plus spécialement avec Wong Kar Wai. C’est aussi le coiffeur personnel du réalisateur, de l’acteur Tony Leung et de beaucoup d’autres beautiful people de Hong Kong et de Chine continentale.
– Je préfère coiffer les hommes, c’est plus facile. Sympa, propre et rapide. Je dois d’abord écouter ce que vous voulez et ensuite vous suggérer quelque chose, voici ce que j’explique à mes clients. Je puise mon inspiration dans divers magazines et sur Internet. Avant j’allais aux shows à Paris et à Londres.
Assis maintenant dans une pièce privée réservée aux clients choisis de son salon:
– Les débuts ont été très durs, difficiles : vous devez être le meilleur. D’abord vous devez faire du bon travail. J’étais coiffeur pour des photos de magazines, des gens l’ont vu et j’ai commencé à beaucoup travailler avec William Chang ou Cheung (qui est aussi le directeur artistique des films de Wong Kar Wai). J’aimais son travail. Ensuite j’ai travaillé pour Wong Kar Wai sur de nombreuses publicités et « In the mood for love », « 2046 ».
Adolescent, George veut travailler dans la mode, mais son père, propriétaire d’une agence de voyages qui parlait couramment français (né à Maurice) s’y oppose. Alors en 1980, George vient à Paris apprendre la langue « à l’Alliance Française » pendant un an :
– J’aimais plein de superbes photos et je voulais devenir photographe, mais l’école coûtait trop chère. Alors j’ai fait un stage dans une école d’apprentissage de coiffure à l’Hôtel Nikko, durant un an. Je ne voulais pas rester en France pour mon avenir: pour payer mon billet retour, j’ai travaillé pendant quatre mois dans un restaurant japonais. Où chaque après-midi, je coupais les cheveux au personnel, comme entraînement.
– De retour à Hong Kong, j’ai dû apprendre le jargon professionnel des coiffeurs en anglais! En 1985, j’ai commencé comme coiffeur junior à Headquaters et en 1997, j’en suis devenu un des propriétaires. J’aurai préféré travailler à Paris. Je n’aime pas beaucoup Hong Kong: il y a trop de monde, mais pour gagner de l’argent c’est mieux qu’en France!
Beau succès dans une ville et culture où il faut absolument réussir.
– Je n’ai aucune idée de ce que sera demain. Je suis simple et heureux. Je veux juste travailler et rentrer le soir chez moi : je suis un family man. J’aime ma femme Nicolette et ma fille de cinq ans Anya. Et j’aime mon travail.