BWing à Hong Kong!

– J’ai besoin de dessiner, toute la nuit. Je pense que tout est centré sur moi.

Coca Light dans le Wan Chai hype. Café lecture au design épuré orange et blanc, mitoyen de la galerie Agnès b : yeah we are in Hong Kong baby !

 – Agnès b est très très intelligente. Jusqu’en 2005, elle a présenté mon travail dans ses différentes galeries : Hong Kong, Taïwan, Japon. A chaque expo, des œuvres différentes.

D’abord un rien méfiante, regard noir pénétrant, sans concession, la ténébreuse Bwing : artiste rare, dessinatrice photographe hong kongaise. « Almost famous » comme elle se définit. Avec un premier livre de ses œuvres qui s’est classé deuxième dans les ventes toutes catégories confondues ! Bel exploit dans une ville qui n’est pas réputée pour sa passion de l’art ! Luv you HK!

– J’ai besoin de me vider l’esprit. Je suis allée m’allonger sur la plage en regardant le ciel. Tout ce qui vient du ciel est fantastique.

J’acquiesce, les yeux levés vers le ciel bleu azur, exceptionnelle luminosité, le type de lumière d’un L.A. sans fog, morcelé par la forêt de tours très seventies. Comme enserré par des griffes de béton. J’écoute Bwing presque religieusement : elle n’aime pas parler, c’est pour ça qu’elle dessine. Logique.

– J’aime le silence. Il y a trop de choses et de bruits. Hong Kong est stressant : un trop petit endroit, pas facile à vivre.

J’écoute ses silences :

– Je vis sous pression en permanence.

Je feuillète le petit bouquin – cartes postales de ses dessins pour enfants. A la fois désuet par le format et précieux par le contenu. Le trait est noir nerveux, ponctué de tâches de couleur, l’univers est assez sombre, empli d’un humour décalé. J’aime. L’objet est rare. Moderne et intemporel. L’interroge si ce n’est pas un peu trop dur pour les enfants. La réponse fuse :

– J’aime les enfants. Mes dessins sont une stimulation pour les enfants.

Elle s’illumine, le geste est ample, le regard pétille, elle s’explique sur ses petits personnages qui flottent foisonnent dans des décors brumeux :  

– C’est arrivé un jour, comme ça! Je suis devenue schizo. Il y a toujours deux “moi” qui poursuivent mon troisième moi. Je pense que j’ai besoin d’un bon médecin! (rires) Le gros problème à Hong Kong: les gens se prennent très au sérieux, c’est aussi ce que je montre dans mes dessins. 

Etudes d’Art en Angleterre, où elle apprend le français. Logique. De Paris :

– I don’t like the crap on the street.

Dommage. L’humour est caustique incisif, parisien : Bwing n’aime pas. Point. Une devise:  « If you don’t want to be perfect, you’ve come to the right place », le titre de son bouquin. J’adore, j’adore, j’adore ! Retour à HK en 96 comme graphic designer. En 2002, elle contacte la Galerie Agnès b de Hong Kong et six mois plus tard, reçoit une réponse positive. Mon regard s’attarde sur la coupe impeccable de sa chemise d’homme. Funny, depuis le début, je lui trouvais du style, du minimaliste chic emprunté au répertoire masculin plus européen que japonais, intemporel comme ses dessins. Ok : elle a aussi bossé dans un bureau de style, comme quoi…Une question me titille, j’ai reconnu la chemise, du genre de celles que je portais au lycée :

– Du Agnès b ?

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